Peinture comme poésie transcendantale visuelle de la source éternelle
Quand je peins, je peins comme si j'écrivais de la poésie. Pourtant, la poésie n'est pas limitée par la camisole de force du sujet. Mes peintures ne sont pas liées par des événements ou des questions, en particulier, celles qui sont de nature sociale ou politique. Ils ne sont pas non plus limités ou encadrés par l'identité. Pour être clair sur ce dernier, je veux dire l'identité confinée par la race, la nation, la classe sociale, la culture, etc. Plus largement, ils ne sont pas liés par le temps et l'espace. Par conséquent, je me réfère à mes peintures comme des poèmes visuels transcendantales, puisque l'essence de mes peintures n'est pas limitée par les limites universelles fondamentales du temps et de l'espace.
Cette essence est complètement libre; comme des étoiles, ou des fragments de matière dans l'univers. Qu'il soit vivant ou mort, visible ou invisible. Cette essence existe éternellement, en alternance des degrés d'état d'énergie. Les carcasses de mes peintures - les toiles et la peinture appliquée - ne sont pas éternelles, mais l'essence de mes peintures - l'esprit sous-jacent - est très éternelle. Les peintures elles-mêmes ne sont pas différentes des organismes vivants physiques dans leur permanence. Et c'est très bien. Mais à tout le moins, ce sont de brefs enregistrements de cette essence éternelle et incassable.
Mes peintures sont des miroirs dans mon â me. Chaque tableau que je crée est une tapisserie visuelle tangible de mon inconscient, ou comme je préfère me référer à cela, la source éternelle. Et cette source éternelle épingle plus clairement cette essence que j'ai essayé d'expliquer. Quand je peins, je peins mes sentiments qui proviennent de cette source éternelle. Le rituel de la peinture me permet de matérialiser toutes mes complexités mentales. Chaque tableau est un document matériel et tangible de ces complexités immatérielles et invisibles ; qu'il s'agisse de mes rêves ou de mes cauchemars, de mes sentiments de bonheur ou de tristesse, de moments de joie ou de douleur, de sensations occasionnelles de nostalgie ou de régressions nostalgiques, de toutes mes expériences, de toutes mes complexités émotionnelles, de mon idéalisme, de mon romantisme, etc. L'origine de ces complexités dérive de la véritable essence spirituelle de mon être, la source éternelle.
Quand je compose des poèmes écrits, tout comme mes peintures, leur essence provient de la source éternelle. Mes meilleurs poèmes écrits proviennent quand je suis enveloppé dans un royaume puissant et indescriptible de magie, comme si je patauge consciemment à travers un monde secret fugace. Et quand je suis inopinément jeté vers le bas à une plaine plus superficielle, alors les poèmes écrits perdent leur pouvoir et leur connexion à la source éternelle. Chaque fois que j'essaie d'écrire de la poésie dans ce vide plus monodimensionnel, les résultats se sentent toujours forcés et déconnectés.
Mes peintures partagent la même essence avec mes poèmes écrits, mais les poèmes écrits sont construits avec des mots écrits. Avec des mots, je peux aussi projeter cette essence éternelle, mais quand je peins, je peux projeter et traduire cette essence d'une manière plus libre et plus expansive. A travers mes peintures, on se présente avec l'occasion d'être immergé dans cette essence éternelle de mon être spirituel, qui est permanente et survivra à la carcasse de mon être physique.
Dans mes peintures les plus récentes, sur lesquelles je travaille depuis 2018, j'expérimente davantage la couleur. Dans mon ancienne série de peintures, la source éternelle ne m'a jamais quitté. La composition et l'énergie de mes peintures anciennes ont toujours été fortement liées à cette source éternelle, mais il y avait moins de sensibilité à la couleur. J'ai toujours été conscient de la couleur, mais pas au même degré que je suis actuellement conscient et sensible à elle, si bien que je le vois avec des yeux plus innocents et moins blasés et fatigués. Mon approche actuelle de la couleur s'apparente à celle d'un enfant qui voit la lune pour la première fois et qui essaie de la saisir.
Avec mes dernières peintures, j'aime voir et approcher ma nouvelle appréciation de la couleur comme un tout nouveau voyage à travers la lumière et que je peins, j'espère continuer à cristalliser cette lumière sur la toile.
Nicolasandro
15 août 2019